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S’appuyer sur les fréquences d’occurrence pour apprendre une langue ?8 minutes de lecture

Posted bys2a 21 septembre 201630 juin 2021 Un commentaire sur S’appuyer sur les fréquences d’occurrence pour apprendre une langue ?8 minutes de lecture

Récemment, cette phrase est apparue dans mon fil Twitter “Un physicien crée une nouvelle méthode d’apprentissage des langues…” qui pointait vers l’article suivant. En résumé, ce serait une nouvelle méthode sensée faire des merveilles.

Piquée par la curiosité, j’ai testé Linguist. Leur méthode est présentée sur cette page (dans ses grandes lignes).

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Cet article de blog recense ce que j’ai observé en quelques semaines d’utilisation.

NB : disponible uniquement pour l’anglais pour le moment, il ne s’agit pas à proprement parler de l’apprentissage d’une nouvelle langue pour moi, mais plutôt de nouveaux apprentissages dans une langue étrangère que je maitrise déjà en partie.

 

Approche et progression

Il s’agit d’une approche de l’apprentissage de la langue par le lexique, qui s’appuie sur les connaissances de l’apprenant et leur renforcement à travers une progression en spirale qui s’appuie sur les théories de la mémorisation.

L’apprenant est invité à regarder une phrase et à la compléter. Le mot manquant est indiqué dans la langue maternelle préalablement renseignée par l’apprenant. D’autres indices sont donnés par d’autres significations possibles du mot dans d’autres contextes. On a donc une approche qui s’appuie sur le cotexte (et sur le contexte inféré) et sur la traduction pour compléter des textes à trous. Par ailleurs, des infos sur la partie du discours attendue sont données (adj., n sg…).

On commence par des mots lexicaux, viennent rapidement des mots grammaticaux qui sont ensuite introduits dans des syntagmes. Les syntagmes peuvent être présents dans le cotexte pour une exposition directe (et observation pour qui y est attentif puisque rien n’est indiqué à ce sujet dans les consignes). Ils peuvent aussi être à compléter. Le pluriel par exemple est introduit par l’article qui est à compléter, puis ce sont des mots au pluriel qu’il faut compléter dans les énoncés.

Les thématiques introduites semblent basées sur d’une part le quotidien d’une famille, et d’autre part le quotidien d’une entreprise.

Les notions grammaticales sont introduites de manière implicite, dans l’ordre suivant (selon ce que j’ai pu noter) :

noms > articles > adjectifs > verbes (présent) > prépositions > verbes (infinitif) > nombres > négation > conjonctions > présent progressif > preterit > comparatifs > auxiliaire du futur

Comment apprend-on de nouveaux mots avec Linguist ?

Un texte à trous est proposé qu’il faut compléter chaque fois avec un mot et un seul. Si la réponse est bonne, le texte est lu et on passe à un autre énoncé. Si elle est fausse, le texte correct est lu, la bonne réponse est donnée rapidement à l’écrit en rouge en même temps qu’on l’entend. Il faut ensuite retaper cette bonne réponse avant de passer à l’énoncé suivant. Si le mot donné est proche mais pas exact, les lettres erronées sont indiquées en rouge, les autres en noir.

Le 1er quart d’heure, j’ai bloqué sur “business” pour “entreprise” (pas immédiatement évident pour moi dans le contexte proposé – ‘bon sang mais c’est bien sûr!) puis sur ‘fine’ pour bon dans “she has fine wine”. Les mots sur lesquels on bute nous sont reproposés à plusieurs reprise, soit à retrouver dans le même texte à trous, soit comme éléments donnés dans l’énoncé. Les premières fois après une erreur, le logiciel nous donne des lettres (et leur nombre) comme au pendu.

Un énoncé pour lequel on s’est trompé sera proposé sous la même forme 3 fois avant de passer à l’étape suivante (autre personne pour les verbes, pluriel pour les noms). A la connexion suivante, les mots qui ne sont pas acquis sont reproposés dès le début de la connexion. Une fois qu’il est finalement acquis, il est reproposé dans un autre contexte (autre personne, autre mode, autre temps).

Dans l’exemple ci-dessous, il s’agissait de trouver le mot “points”. On avait comme informations “The text has many useful ” n. pl. et “les points”, “les moments, les instants”, “les buts, les objectifs”

The text has many useful points.

n pl

les points

les moments, les instants

les buts, les objectifs

Traductions supplémentaires

points montre, indique

vb, prés, 3e p sg

pointe, dirige

vb, prés, 3e p sg

points pointe, dirige

vb, prés, 3e p sg

montre, indique

vb, prés, 3e p sg

 

On voit donc que cette approche est résolument basée sur l’apprentissage des formes écrites, puisque les liens entre homonymes sont décontextualisés.

Par ailleurs, le site propose des points grammaticaux ainsi que des textes sont proposés à la lecture. Au fur et à mesure que l’on utilise l’application, on peut suivre le pourcentage de mots que l’on comprend dans ces différents textes. Il s’agit de visualiser ses progrès pour maintenir la motivation.

 

Bilan du test

Une discussion a été amorcée sur Twitter concernant le bien-fondé de s’appuyer sur l’approche fréquentielle pour cibler ce qui est prioritaire.

Les arguments pour :

  • les apprenants peuvent avoir tendance à “s’éparpiller”, en restant à une maitrise approximative. Leur donner la fréquence d’utilisation de certains éléments de lexique leur donne la possibilité de cibler leurs apprentissages.
  • J’ajouterais que les méthodes choisissent les faits de langue abordés selon une logique de fréquence de situations et d’actes de langage y afférant pour le public qu’elles ciblent. Finalement, dans une approche utilitaire de la langue, la sélection du contenu est presque toujours liée à sa fréquence d’utilisation.

Points négatifs apparus lors du test :

  • lorsqu’on trouve un mot sans être très assuré.e que c’est le bon, il est considéré comme acquis. Or, dans ce système, un mot considéré comme su ne me semble pas repris par la suite. Peut-être que si le même énoncé était reproposé plus tard j’aurais répondu autre chose et on ne le saura jamais
  • les synonymes ne sont pas acceptés. Cela pourrait correspondre à un choix des éditeurs du logiciel de privilégier la précision du choix lexical au sens (à moins que ce ne soit “bêtement” le résultat d’une contrainte algorithmique). Pourquoi pas, cela génère cependant de la frustration sans compenser par un apprentissage complémentaire (on pourrait imaginer que quand les sens de l’énoncé attendu et celui de l’énoncé proposé par l’apprenant sont proches, apparaisse une infobulle donnant des éléments pour ne plus les confondre.
  • c’est très répétitif, il faut probablement privilégier des temps de connexion courts mais réguliers, sous peine de se lasser
  • pas de compréhension orale, pas d’expression orale, une compréhension écrite implicite et une expression écrite qui se limite à des mots

C’est ce dernier point qui me pose question : je doute que cette application suffise à apprendre une langue dans son ensemble, elle vise avant tout la compréhension et l’expression écrite. On peut également supposer que la répétition de l’écoute peut améliorer la compréhension orale également. Mais la production orale et les interactions ne sont pas abordées, du moins est-ce le cas pour les débuts de l’apprentissage, je suis allée jusqu’à 1014 mots appris (soit, selon le site, 69% d’un texte quelconque).

Il faudrait tester le site avec une langue inconnue, à partir de l’anglais, mes obserations sont biaisées. Ce que je peux dire pour l’instant c’est que j’ai consolidé mon anglais. Cela m’a permis de m’y remettre, je me suis connectée depuis à un cours en ligne qui propose des exercices de compréhension orale. Cependant, il me semble que cela a été pensé pour l’apprentissage de la langue par les machines. Pour des machines, c’est probablement une méthode d’apprentissage efficace : essai – erreur – correction – ajustement par nouvel essai – enrichissement.

Mais pour un être humain, ce type d’entrainement est très …mécanique et ne constitue pas une méthode d’apprentissage complète d’une langue. Le prononciation par exemple est complètement évacuée. Comme si la simple exposition à l’oralisation de phrases écrites suffisait.

Puisque ce n’est pas une solution magique, je le considère comme un nouvel outil. Le principe est assez proche de celui proposé pour réviser du vocabulaire par flashcards en tenant compte d’un certain rythme de répétitions.

Finalement faire ce test m’a été utile pour me replonger dans l’anglais, toutefois, je ne pense pas que ce site en particulier et la méthode proposée aient favorisé mes progrès plus qu’un autre. J’attribuerais plutôt mes avancées à l’engagement que j’avais fait pour moi-même et sur twitter d’effectuer ce test et cette critique.

Au cœur de l’apprentissage, donc, motivation intrinsèque et extrinsèque, engagement, régularité. et projet concret lié à l’apprentissage (ici l’article de blog). Des ingrédients qu’on peut cuisiner de différentes manières, mais qui sont meilleurs nappés d’interaction, et saupoudrés de variété.

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Tags: FLE, FLI, Kaléidoscope, non classé, phonFLE,

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1 Commentaire

  • Lyn. dit :
    20 octobre 2016 à 16h47

    J’ai testé cette méthode “révolutionnaire”… mon but était surtout de comparer avec Duolingo que je pratique depuis longtemps (mais très irrégulièrement) et de voir si cela valait le coup de changer d’appli de langues.
    Pour moi Duolingo reste plus performant, dans le sens où :
    1- il oblige l’apprenant à travailler dans les deux sens : on traduit vers sa langue maternelle et vers la langue en cours d’apprentissage. Dans Lingvist, on écrit seulement en Anglais.
    2- Avec Duolingo, il est possible de ne pas démarrer au niveau zéro, et si on maîtrise un des domaines (le contenu de la leçon), on peut accélérer la progression en passant un test. Pour Lingvist, il faut repartir de zéro, quel que soit son niveau en anglais.
    3- Duolingo est doublement multilingue : pour les langues maternelles comme pour les langues à apprendre, alors que Lingvist ne permet d’apprendre que l’anglais.
    4- Duolingo permet une “discussion” sur les réponses et dispose d’un environnement social (amis et Cie)

    Je vais donc rester sur Duolingo… et je vois mal qui acceptera de payer pour cette nouvelle appli :
    – 200h, c’est long mine de rien… ça fait plus d’un an, en pratiquant 30 mn chaque jour… chaque jour, sans se lasser, ça parait difficile voire irréalisable. Je dirais qu’il faut plutot compter 2 ans (soit 250€)
    – si paiement, il faudra sans doute un engagement plus clair sur le niveau final, via les niveaux du CECRL ou autre, et là ça va être rigolo

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