Jongler en classe de FLE, mais pour quoi faire ?
Sur les réseaux sociaux, j’ai annoncé l’arrivée prochaine de mes nouveaux ateliers de jonglage & FLE, sur Twitter, LinkedIn et Instagram.
Pour l’historique, cela fait de nombreuses années que j’anime des ateliers en présentiel en tant que bénévole avec l’association Des balles ton cirque. J’avais déjà animé quelques ateliers ponctuels avec mes groupes d’adultes dans les Ateliers sociolinguistiques et j’ai animé mes premiers ateliers à distance en mars pendant le mois de la francophonie en collaboration avec l’école Piri Reis en Turquie puis avec l’école ISAix à Aix-en-Provence. Ces deux premiers ateliers m’ont donné envie de continuer devant l’enthousiasme des participant.e.s et même de développer ces ateliers qui conjuguent plaisir, défi, et compréhension de la langue française.
Les affiches
Je vous présente ici en exclusivité les affiches que j’ai réalisées avec l’application Canvas pour faire connaître ces ateliers.
Revenons au titre de cet article. Certes, jongler en français, c’est sympa, c’est ludique, ça change…. Mais encore ?
Qu’est-ce que cela apporte à la classe de langue ?
L’approche actionnelle, on en entend parler, elle est prônée par la plupart des manuels, on la pratique, le plus possible, on se creuse la tête pour que ce soit authentique, que ce soit intéressant… et cependant cela reste parfois difficile de faire sortir le français de la classe ou d’y faire rentrer des francophones.
Un peu de théorie, j’adore la théorie
Le CECRL (Conseil de l’Europe, p. 15) définit ainsi les caractéristiques d’usage et d’apprentissage d’une langue :
« L’usage d’une langue, y compris son apprentissage, comprend les actions accomplies par des gens qui, comme individus et comme acteurs sociaux, développent un ensemble de compétences générales et, notamment une compétence à communiquer langagièrement. Ils mettent en œuvre les compétences dont ils disposent dans des contextes et des conditions variés et en se pliant à différentes contraintes afin de réaliser des activités langagièrespermettant de traiter (en réception et en production) des textes portant sur des thèmes à l’intérieur de domaines particuliers, en mobilisant les stratégies qui paraissent le mieux convenir à l’accomplissement des tâchesà effectuer. Le contrôle de ces activités par les interlocuteurs conduit au renforcement ou à la modification des compétences. »
Le CECRL précise « Est définie comme tâche toute visée actionnelle que l’acteur se représente comme devant parvenir à un résultat donné en fonction d’un problème à résoudre, d’une obligation à remplir, d’un but qu’on s’est fixé. Il peut s’agir tout aussi bien, suivant cette définition, de déplacer une armoire, d’écrire un livre, d’emporter la décision dans la négociation d’un contrat, de faire une partie de cartes, de commander un repas dans un restaurant, de traduire un texte en langue étrangère ou de préparer en groupe un journal de classe »
Pour paraphraser cette définition, « utiliser une langue sert à accomplir des actions, qu’elles nous soient imposées ou qu’on se les soit fixées ». On mobilise des compétences langagières ainsi que d’autres compétences générales. Reprenons l’exemple de l’armoire. On aura besoin, pour déplacer une armoire à 2 (une armoire, c’est lourd et large!) de : communiquer à l’oral pour ne pas cogner les murs, se mettre d’accord sur l’emplacement, sans compter s’il faut descendre des marches ! Mais on aura aussi besoin de savoir porter sans se faire mal, de marcher, etc.
Un peu de pratique, j’aime encore plus la pratique !
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais apprendre à jongler avec une francophone, ça m’a tout l’air d’une tâche !
- Le but, fixé ou imposé : jongler
- Le contexte : un atelier, en ligne ou en présentiel, animé par une francophone, prof de FLE, méthode « descendante »
- Les compétences : la coordination, les compétences langagières, le repérage dans l’espace
- Les activités langagières : compréhension orale, interaction orale
- Quelques stratégies possibles pour réaliser cette tâche : imiter, demander de l’aide, se lancer
Les compétences langagières
Pour aller plus loin que ce que j’ai proposé jusqu’ici, je souhaite proposer des ateliers en ligne ouverts à un ensemble de francophones, apprenant le français ou non, mais débutant en jonglage. Les ateliers comporteront de courtes séquences en sous-groupe qui favoriseront les échanges entre participant.e.s pour une approche moins descendante, pour oser plus, pour le confort du « petit comité », pour la complicité qui s’y crée.
Voilà pour les compétences langagières. Mais le jonglage, c’est avant tout du mouvement, de la coordination, le sens du rythme, l’expérimentation, la persévérance…
Les autres compétences
Dans le socle commun de compétences de l’Éducation Nationale française https://www.education.gouv.fr/le-socle-commun-de-connaissances-de-competences-et-de-culture-12512 , le domaine 1 s’intitule « Les langages pour penser et communiquer ». On y retrouve quatre types de langage : la langue française, les langues étrangères et régionales, les langages mathématiques, scientifiques et informatiques et enfin les langages des arts et du corps.
Le jonglage en français pour un public FLE permet de développer les langues étrangères et le langage des arts et du corps (équilibre, déplacement, expression artistique, coordination)
Jongler permet aussi de travailler les « soft skills » : confiance en soi, estime de soi, coopération, concentration, persévérance, communication interpersonnelle)
Pour plus de détails, je vous invite à aller lire l’article du blog Planète jonglerie Bénéfices sociaux de la jonglerie et des arts du cirque.