Des potentielles conséquences désastreuses d’une mauvaise prononciation
Un titre un peu racoleur, mais jugez par vous-même :
WinGARdium LeviOsa ou WinGARdium LeviosAAA ? Une petite erreur d’accentuation dans la formule et … Boum !
Dans le cercle privé entre francophones
Une situation explosive, c’est ce qui arrive parfois dans les diners de famille : une langue qui fourche, un accent régional ou social et c’est parti pour une anicroche avec celles et ceux, amis ou famille, qui sont tatillon.e.s avec l’accent normé ! (Vous avez dit “Hermione Granger ?”). Car en prononciation comme en syntaxe, il n’est pas rare pour des français de reprendre leur interlocuteur / interlocutrice au nom du bon usage. La question de la norme et des variations déclenche les passions, comme en témoignent les nombreuses réactions à la mise en place de l’orthographe rectifiée dont on trouvera des exemples ici et là).
Le rapport à la norme est très prégnant en France pour des raisons historiques liées à une certaine idée de “la belle langue” mais aussi à la mise en place du français comme langue nationale, aux dépens des autres langues parlées sur le territoire. (Je n’ai plus les références mais si/quand je les trouve, j’édite l’article).
En est-il de même ailleurs dans la francophonie ?
Et du côté des apprenants ?
Les écarts de prononciation sont bien souvent liés à l’apprentissage en cours de la langue. J’écris “bien souvent”, car même en langue étrangère, la langue peut fourcher, on peut avoir des problèmes de diction ou des troubles de la parole, mais c’est une autre histoire.
Les erreurs de prononciation peuvent porter sur :
- la place de l’accent
- la manière de réaliser l’accent
- une irrégularité des syllabes non accentuées
- un rythme qui ne respecte pas les patrons rythmiques du français
- le mouvement intonatif
- la réalisation d’un son trop éloignée de la cible
- le non respect de règles de modifications liées au contact entre sons
- une pause placée au mauvais endroit
- l’absence d’enchainement
- l’absence de liaison ou leur mauvaise réalisation
- Et c’est tout pour aujourd’hui mais je me réserve le droit de compléter si oubli(s)
Ce qui m’intéresse ici ce sont les conséquences pour les apprenants d’une prononciation erronée. Que se passe-t-il lorsqu’un apprenant prononce un énoncé de manière perçue comme erronée ?
- des contresens => les fameuses paires minimales, prononcer un son pour un autre change le sens de l’énoncé
- des malentendus => notamment lorsque l’intonation ne porte pas sur le bon passage de l’énoncé ou lorsqu’on ne réalise pas le bon découpage
- une fluidité de la conversation mise à mal lorsqu’on pose une question au lieu d’affirmer par exemple et que nos interlocuteurs et interlocutrices se voient contraints de nous faire répéter pour être sûr.e.s d’avoir compris
- des remarques plus ou moins désobligeantes de la part de certains francophones qui trouvent “normal” d’émettre leur avis sur la manière de prononcer, qu’ils aient été sollicités ou non.
Des conséquences pas aussi désastreuses que pour le pauvre Seamus Finnigan 😉
Alors, convaincu.e.s de l’intérêt de travailler la prononciation en FLE ?
Merci pour cet article! J’aime beaucoup l’illustration apportée par l’extrait de Harry Potter. Moi qui viens du sud, je confirme: je ne compte plus les collègues français m’ayant repris sur: ‘taupes’, ‘roses’, cent’, en “répétant -selon eux- correctement”, le mot que je venais de dire… :/